…011
Les soldats israéliens avaient relâché leurs trois importants protégés lorsqu’ils furent informés qu’Asgad Ben-Adnah s’était remis de ses blessures en Syrie. Océane s’était entretenue à plusieurs reprises au téléphone avec l’homme d’affaires. Il lui avait parlé de ses nouveaux talents de guérisseur et de son intention de poursuivre son périple vers le nord. Se doutant qu’il y aurait d’autres attentats à la vie d’Asgad, Océane s’était jurée de ne révéler son propre horaire à personne, pour ne pas se retrouver chaque fois à la base militaire.
« Pourquoi voudrait-on tuer un homme qui tente de rétablir enfin la paix sur Terre ? se demanda-t-elle. Parce qu’il deviendra peut-être un jour un tyran ? ». Océane ne savait plus quoi penser d’Asgad. Il n’était certainement pas le monstre que l’on décrivait dans la Bible. Mais si on annonçait l’apparition de plusieurs faux prophètes avant le retour du Messie, peut-être y aurait-il également de faux Antéchrists ? De toute façon, l’agente de l’ANGE ne pouvait pas éliminer l’homme d’affaires tant qu’il était à l’étranger.
En attendant son retour, Océane se concentra davantage sur son travail de supervision des travaux du temple. Toutefois, les paroles du jeune Antinous continuaient à la hanter. Elles lui rappelaient cruellement qu’elle ne connaissait pas vraiment Ben-Adnah. Quels autres secrets gardait-il encore pour lui-même ?
En ce doux matin d’été, Océane arriva un peu plus tôt sur le chantier de Jérusalem. Les bâtiments religieux avaient été démantelés et transportés dans le désert, où on les reconstruisait un par un avec beaucoup de soin. Sur le terrain dénudé, les ouvriers avaient déjà commencé à jeter les fondations du futur temple de Salomon. Au centre de cette immense base rectangulaire, sur une simple table de bois, reposait la maquette de cet imposant édifice. Chaque fois qu’Océane arrivait au travail, elle ne pouvait s’empêcher d’admirer le modèle réduit qui serait le symbole de la gloire d’Asgad Ben-Adnah. « Il est pourtant bien écrit dans les textes, sacrés que ce sera l’Antéchrist qui rebâtira cet important temple, se souvint la jeune femme. Alors, pourquoi ai-je tant de mal à croire que c’est lui ? »
Elle marcha jusqu’au bout de la grande place, qui rivaliserait avec celle du Vatican, une fois terminée. Des camions apportaient justement les premières pierres qui formeraient le côté ouest du grand, mur. Les ouvriers saluèrent vivement Océane sur leur passage et poursuivirent leur travail, encouragés par les cris stridents des contremaîtres. Elle s’installa sur un gros bloc de pierre et observa leur travail. S’ils continuaient à avancer à ce rythme, les croyants du monde entier pourraient profiter du temple dans un an. Coupée des sources d’information de l’Agence, Océane ne pouvait pas savoir qu’il en restait bien peu sur la Terre.
Incapable de s’en empêcher, elle se remit à penser à Yannick. Était-il d’accord qu’on reconstruise ce lieu saint ? Puisqu’il était âgé de deux mille ans, il avait certainement dû assister à ses deux premières destructions. « Il est probablement la seule personne qui pourra nous dire s’il est conforme à l’original », songea-t-elle. Elle était si profondément perdue dans ses souvenirs que le préposé de la cantine la fit sursauter lorsqu’il déposa un sandwich dans sa main.
— Pardonnez-moi, je croyais que vous étiez une statue, la taquina-t-il.
— Très drôle, Èlichâ.
— Vous n’êtes pas en train de changer tous les plans, j’espère, ajouta-t-il en s’asseyant près d’elle.
— je n’ai pas envie de me faire lapider.
— C’est ce que je pensais.
Il lui tendit un gobelet de thé chaud.
— Vous prenez bien soin de moi, Èlichâ.
— Oh, mais je m’achète des faveurs, bien sûr.
— On dirait que c’est une pratique courante, de nos jours. Au moins vous, vous avez le courage de l’affirmer tout haut. Surtout, ne vous arrêtez pas là. Dites-moi ce que vous espérez recevoir en retour de vos gentilles attentions.
— Mes enfants et ma femme ont disparu l’année dernière, alors ma requête va vous paraître bien égoïste. Je voudrais être parmi les premiers fidèles qui franchiront les portes de cette église lorsqu’elle sera terminée.
— Si ce n’est que cela, je vous l’accorde sur-le-champ.
— Vous avez l’oreille du grand patron, n’est-ce pas ?
« L’oreille, les yeux, les lèvres…» s’amusa intérieurement Océane.
— Si on veut, répondit-elle. Il y a eu comme un déclic la première fois que nous nous sommes rencontrés.
— On appelle cela de l’amour, mademoiselle Orléans.
— Ou un coup de foudre qui ne durera pas longtemps.
— Le plus gros problème auquel nous faisons face dans ce monde moderne, c’est justement de ne pas être capables de reconnaître l’amour quand nous l’avons directement sous le nez. Alors, les hommes et les femmes changent de partenaires comme ils changent de chemise, sans jamais vivre le moindre bonheur. C’est vraiment triste à voir.
— Vous êtes un vieux sage, dites donc.
— Parfois. Ma femme disait que j’étais un philosophe. Rappelez-vous bien de ce que vais vous dire, mademoiselle Orléans. Si votre cœur bat pour ce bel homme d’affaires, ne le laissez pas partir.
« Thierry l’étriperait s’il l’entendait », réfléchit Océane. Èlichâ la salua et se leva, afin d’aller offrir le goûter aux ouvriers sur le chantier.
— Je ne sais même plus si j’ai encore un cœur, soupira la jeune femme, une fois de plus seule avec ses pensées obsédantes.
Elle avait pourtant aimé Yannick et Thierry, plus qu’elle aimait en ce moment Asgad. L’Anantas exerçait-il vraiment sur elle un pouvoir hypnotique qui lui faisait perdre tous ses moyens ? Océane n’avait plus personne vers qui se tourner pour obtenir des conseils. Il ne lui était pas permis d’entrer en contact avec sa famille, ses amis ou ses anciens collègues. Un agent fantôme ne pouvait compter que sur lui-même. « Si je fais de la recherche sur Internet, Asgad le saura », se désespéra-t-elle. Pourtant, elle éprouvait un urgent besoin de relire tout ce que Yannick Jeffrey avait écrit sur la résurgence de l’empire romain.
Océane but une gorgée de thé et constata qu’il était froid. Étonnée, elle jeta un coup d’œil à sa montre. C’était presque le milieu de l’après-midi. Pourquoi le temps passait-il si rapidement tout à coup ? Était-ce là un autre signe de la fin du monde ? Elle retourna à l’entrée du chantier, de plus en plus accablée par la chaleur. Son chauffeur n’était pas encore arrivé. Par contre, une autre limousine noire était stationnée de l’autre côté de la rue. « Asgad ? », s’égaya-t-elle.
Un jeune homme descendit de la grosse voiture. Océane reconnut tout de suite son visage. C’était le compagnon d’Antinous qu’elle avait aperçu à la base militaire souterraine. « Pas un autre de ses amants, j’espère ? » se demanda-t-elle, découragée.
— Mademoiselle Orléans, j’aimerais vous parler, l’aborda-t-il avec un brin de timidité.
— Il y a un petit café non loin d’ici, où nous pourrions nous abriter du soleil.
Il lui offrit de l’y conduire en voiture, mais Océane préféra y aller à pied. Benhayil marcha près d’elle en silence jusqu’à ce qu’ils aient pris place dans l’établissement public sous un éventail de paille, qui grinçait en tournant au plafond. La jeune femme commanda une boisson gazeuse glacée. Quant au secrétaire vêtu comme un homme d’affaires, il ne voulut rien consommer.
— Si nous allions droit au but ? suggéra Océane.
— Je m’appelle Benhayil Erad.
— Je sais. Il aurait été gentil de me parler davantage lorsque nous nous sommes rencontrés sous terre.
— J’étais bouleversé par l’attentat à la vie de monsieur Ben-Adnah, pour qui je travaille.
— Comme la moitié de cette ville, en ce moment.
— Je m’occupais de ses affaires bien avant qu’il lui prenne l’envie de reconstruire le plus important temple de tous les temps.
— Que me voulez-vous, monsieur Erad ?
— Je ne sais pas encore comment vous poser cette question…
— Laissez-moi deviner. Vous voulez savoir quel genre de lien j’entretiens avec votre patron, c’est bien cela ?
— J’ai appris que vous aviez un chauffeur et un appartement payés par monsieur Ben-Adnah. Pourtant, aucune de ces dépenses n’apparaît dans ses comptes.
— Je ne l’ai jamais questionné sur ses sources de revenus ou ses prodigalités.
— Êtes-vous sa maîtresse ?
— Parfois… quand il daigne revenir à Jérusalem. Et vous ?
— Je suis uniquement son secrétaire privé.
— Alors, pourquoi vous ai-je vu en compagnie du joli Antinous ?
— Je veille sur lui en l’absence de monsieur Ben-Adnah.
— Vous approuvez donc la bisexualité du plus grand conciliateur de tous les temps ?
— Je n’ai pas vraiment le choix, avoua le jeune homme, découragé.
— Donc, tout ce que vous avez à me reprocher, c’est ce que je coûte à votre patron ?
— Ce que je n’aime pas, ce sont les choses qui ne sont pas claires.
— Dans ce cas, laissez-moi démêler cela avec vous une fois pour toutes. J’ai accepté les avances de monsieur Ben-Adnah, car je les croyais sincères. J’ai continué à le fréquenter parce qu’il me plaît. Je ne voyais pas d’inconvénient à ce qu’il m’offre de payer mon loyer et mon chauffeur. Il m’achète aussi des vêtements griffés et des bijoux. Est-il aussi généreux avec Antinous ?
— Ce n’est pas ce que vous pensez.
— Cet adolescent m’a dit lui-même qu’il était son amoureux, mais il m’a aussi révélé qu’il était revenu de la mort et plein de trucs étranges. Est-il sain d’esprit ?
— Je n’en sais rien. Je ne sais même pas d’où il vient. La seule chose qui m’importe, c’est de le préserver de la méchanceté de ce monde.
— Vous n’êtes ni dans le bon pays ni dans le bon siècle.
— Monsieur Ben-Adnah a rétabli la paix au Moyen-Orient et il a l’intention de le faire dans le monde entier.
— Pendant que vous jouez à la nounou avec son petit ami.
— Je comprends que vous soyez fâchée d’apprendre que monsieur Ben-Adnah n’est pas un saint, mais vous n’avez aucune raison de vous en prendre à moi.
— Alors, nous n’avons plus rien à nous dire, monsieur Erad, trancha Océane en se levant.
— J’ai une dernière question.
Elle sortit de la monnaie de son sac à main et la déposa sur la table.
— L’aimez-vous vraiment ? demanda Benhayil.
— Est-ce vraiment important ?
Océane quitta le café, la tête haute. Si tout le monde commençait à s’interposer entre Asgad et elle, comment arriverait-elle à accomplir sa mission ? Pour se changer les idées, elle alla se balader dans la partie la plus sécuritaire de la ville, jusqu’au couvre-feu. Voyant qu’elle était loin de son quartier, Océane héla un taxi. Ils étaient tous bondés, les habitants de Jérusalem étant pressés d’aller se barricader dans leurs maisons. Elle commença à marcher en direction de son appartement tout en gardant l’œil ouvert. Finalement, une petite voiture, qui n’était pas un taxi, s’arrêta près d’elle.
— Montez, la pria un jeune homme aux traits nordiques, sinon ils vous arrêteront.
Océane avait appris à ne pas faire confiance au premier venu, mais elle savait également qu’elle n’arriverait jamais à son immeuble à temps. Elle grimpa donc sur le siège du passager et referma la portière.
— Je suis Hans Drukker, se présenta-t-il.
— Et moi, Océane Orléans.
— Vous êtes française ?
— Québécoise : Et vous, allemand ?
— D’origine, mais j’habite l’Angleterre depuis mon tout jeune âge.
— L’Angleterre ? Vous êtes bien loin de chez vous.
— Je suis journaliste.
Une alarme silencieuse se fit entendre dans la tête de l’agente. Elle avait appris depuis longtemps à se méfier des gens qui manipulaient l’information.
— Vous êtes sur une affaire importante ? s’enquit-elle à tout hasard.
— Je fais des reportages quotidiens sur les messages des deux Témoins de Dieu, même s’il n’en reste plus qu’un.
Puisqu’il disparaît toujours avant le couvre-feu, j’ai toute la soirée pour écrire mes articles. Et vous ? Touriste ?
— Non. Je supervise les travaux de construction du nouveau temple.
— Pas vrai ! J’avais demandé à mon chef de pupitre de m’en charger, mais il m’a dépêché d’abord au Mur des lamentations, puis dans tous les parcs où les deux Témoins apparaissent. Vous pouvez m’en parler ?
— Je suis désolée, c’est confidentiel. Vous n’auriez pas grand-chose à dire à vos lecteurs si vous aviez obtenu l’affectation que vous vouliez.
— Je vois… À quel hôtel logez-vous ?
— Vous pouvez me déposer dans six pâtés de maisons d’ici.
Drukker était beau garçon, blond comme Thierry, mais sa curiosité de reporter risquait de mettre son identité secrète en péril. Océane ne prononça plus un seul mot, se contentant de répondre à ses interminables questions par des sons vagues. Arrivée à destination, elle descendit de la voiture, remercia le bon samaritain et disparut dans une petite ruelle où le véhicule ne pourrait pas la suivre.
Océane zigzagua entre les édifices pour s’assurer de ne pas être suivie. Presque tous les citadins s’étaient déjà enfermés chez eux, car l’armée allait bientôt commencer ses rondes. L’agente n’était plus qu’à quelques minutes de son appartement, et il commençait à faire sombre. Elle tourna le dernier coin et fut saisie à la gorge. D’instinct, Océane chercha à échapper à cette prise, en vain. Celui qui la retenait maintenant contre sa poitrine déployait une force hors du commun. Ce ne pouvait pas être Thierry, puisque le poison de la reine lui avait fait pratiquement perdre l’usage de ses bras…
La jeune femme se débattit comme une furie, mais son assaillant ne lâcha pas prise. « Pourquoi n’essaie-t-il pas de m’étrangler ? s’étonna-t-elle. Pourquoi se contente-t-il de me retenir ? » Elle craignit pendant un instant qu’il n’attende des renforts !
— Cessez toute résistance et écoutez-moi, fit alors une voix rauque.
— Qui êtes-vous ? ragea Océane, à bout de force.
— Il ne vous servirait à rien de connaître mon nom. Sachez seulement que nous existons.
— Nous ? Vous êtes combien à m’immobiliser ?
— Je représente une race qui habite aussi cette planète.
— Vous êtes un Dracos !
Un rire guttural s’échappa de la créature qu’elle ne pouvait toujours pas voir.
— Un Naga, alors ?
— Si vous connaissez si bien les reptiliens, alors vous savez déjà qui nous sommes.
— Je ne me souviens pas de tous vos noms ! protesta Océane.
— Je suis des Brasskins.
« Des quoi ? » s’étonna l’agente. Comme tout le monde, elle avait jeté un rapide coup d’œil aux ajouts que Thierry Morin avait faits à la base de données de l’ANGE sur les ophidiens, mais elle ne se rappelait pas d’avoir vu quoi que ce soit sur les Brasskins.
— Cela ne me dit rien du tout, avoua-t-elle finalement.
— Vous faites pourtant partie de la haute caste.
« Il a le pouvoir de flairer le sang d’autres reptiliens ! » comprit enfin Océane.
— Seulement à moitié, rectifia-t-elle aussitôt. Ma mère n’était pas des vôtres.
— Cela ne vous soustrait pas à vos devoirs.
— Pourrait-on remettre la leçon d’éthique à une autre fois ? Qu’attendez-vous de moi ?
— Nous voulons la paix sur cette planète.
— En agressant les gens dans la rue ?
— Nous connaissons, vos intentions et nous les désapprouvons.
— Dans ce cas, vous avez un pas d’avance sur moi, car je n’ai aucune idée de ce que je mangerai ce soir.
— Les Dracos et les Anantas se croient tout permis. Ils sont prêts à détruire ce monde plutôt que de le céder à l’autre. Jamais nous ne les laisserons le mettre en péril. Il n’est pas dans nos habitudes de tuer, mais si cela devient nécessaire…
— Je ne vois vraiment pas où vous voulez en venir.
— Mon peuple appuie les démarches de paix du Prince. Ceux qui s’en prendront à lui seront anéantis.
Océane réagissait toujours très mal à la menace.
— Vous voulez que je vous prenne au sérieux alors que vous n’avez même pas le courage de me montrer votre visage ?
Le Brasskin tenait sa proie à la gorge par une seule main. Il lui aurait été facile de la retourner vers lui, mais il n’en fit rien.
— Mes paroles devraient suffire à vous faire comprendre que nous ne plaisantons pas.
Océane eut alors la présence d’esprit de chercher de l’aide du regard. Dans une vitre de la maison d’en face, elle aperçut le reflet de son agresseur. Il la dépassait d’une tête et son visage était brillant comme de l’or !
— Rappelez-vous-en, ajouta-t-il en plantant le bout de ses griffes dans la peau de l’agente.
La pression exercée sur des points précis de la gorge d’Océane provoqua un étourdissement passager. Le Brasskin la lâcha et elle tomba sur ses genoux. Combattant la nausée qui s’emparait d’elle, elle pivota en s’asseyant dans la rue. Il n’y avait plus aucune trace du reptilien. Elle entendit alors les moteurs des véhicules militaires qui commençaient à sillonner la ville et tenta de se relever malgré sa tête qui tournait, mais ne réussit qu’à s’effondrer tête première sur le pavé.
« Si Cédric me voyait maintenant, il aurait bien honte », songea-t-elle en sombrant lentement dans l’inconscience. Elle sentit alors qu’on la soulevait de terre. Elle ne vit cependant pas son sauveteur, car ses paupières étaient trop lourdes. Ce n’est que quelques minutes plus tard, allongée sur le lit de son appartement, qu’elle reprit connaissance. Elle sursauta en distinguant une silhouette agenouillée à son chevet.
— Ce n’est que moi, fit une voix qu’elle reconnut aussitôt.
— Thierry…
— Que faisais-tu couchée au milieu de la rue ?
— J’avais sommeil.
— Océane !
— J’ai été attaquée par un reptilien.
Thierry se redressa d’un seul coup comme s’il avait été frappé par la foudre.
— Et avant que tu me le demandes, non, ce n’était pas un Dracos.
Océane parvint à s’asseoir sur son lit et vit que son chemisier était taché de sang.
— C’est un Brasskin selon ses dires.
Le traqueur pencha doucement la tête de côté, braquant sur elle un regard incrédule.
— Tu n’en as jamais entendu parler, toi non plus ? se découragea la jeune femme.
— Au contraire, mais ils ne vivent pas ici. Ce sont les très lointains ancêtres des Dracos.
— Dans ce cas, vos informateurs sont pourris.
— À quoi ressemble-t-il ?
— Je n’ai vu que sa réflexion dans une vitre. Il était plus grand que moi et il semblait recouvert d’or. Sa force physique était franchement déconcertante.
— C’est impossible…, s’étrangla le Naga.
— Je pensais que tu avais fini de me traiter de menteuse.
— Est-ce qu’il t’a parlé ?
— Évidemment, et son message était très clair. Si je touche à un seul cheveu du Prince, qui est sans aucun doute l’Antéchrist, il me tuera.
— Alors, tu n’as plus le choix, déclara Thierry en se levant. Tu dois me laisser le faire.
— Une petite minute. Quand as-tu décidé que je devais céder devant le terrorisme ?
— Je t’aime trop pour courir ce risque.
Il recula et s’enfonça dans le mur de ciment.
— Thierry Morin, je n’ai pas fini de parler ! hurla-t-elle.
Mais il ne réapparut pas.